www.noocultures.info – Le bootcamp de la 3e cohorte du programme Afrique Créative, piloté par un consortium d'organisations mené par Africalia, a réuni une trentaine d'entrepreneurs et d'experts des industries culturelles et créatives du 17 au 21 mars dernier à Cotonou, au Bénin.

En cette soirée du 18 mars, dans sa villa-siège située non loin de la place de l'Étoile rouge en plein cœur de Cotonou, la capitale économique du Bénin, Pamella N'ZE ASSEKO conduit la visite immersive de FUNKE FASHION HOUSE. Une trentaine d'invités venus des quatre coins du continent africain, tous participants au bootcamp de la 3e cohorte du programme Afrique Créative, la suivent avec attention.

Créée pour promouvoir et mettre en valeur le pagne tissé, FUNKE FASHION HOUSE est la seule entreprise béninoise retenue parmi les 15 de cette cohorte, sélectionnée après un rigoureux processus de sélection mené en 2023. Sobre et instructive, la visite a permis de découvrir l'univers de cette entreprise évoluant dans la mode. Dans cette villa, toutes les étapes de production sont regroupées et compartimentées : du tissage jusqu'au showroom, où sont exposés de nombreux modèles pour hommes et femmes. Les invités, enthousiastes, ne manquent pas d'acquérir quelques pièces, au grand bonheur de la promotrice et de son chiffre d'affaires.

Réseauter et faire croître

Activité phare du programme, le bootcamp est avant tout un moment de réseautage entre les entrepreneurs de la cohorte. Durant une semaine, entre renforcement de capacités sur des sujets variés (gestion des RH, marketing, levée de fonds, etc.) et échanges avec les incubateurs, les entrepreneurs ont aussi la possibilité de mieux se connaître et d'en apprendre davantage sur leurs activités. De là pourront naître des collaborations, souhaite Dorine RURASHITSE, Directrice de Africalia (organisation de coopération culturelle Belge basée à Bruxelles), à la tête du consortium de mise en œuvre du Programme.

« Nous avons pensé à ce bootcamp comme des étapes dans l'accompagnement des entrepreneurs. Tout ce qu'on leur souhaite, c'est qu'ils jouent leurs partitions, car, comme on le dit, parmi eux se trouvent peut-être leurs futurs fournisseurs ou clients. Nous serons donc très attentifs à ce que ce moment du parcours d'incubation serve aussi à créer ce réseau dont on a besoin pour développer les ICC en Afrique » a-t-elle confié au lancement du bootcamp le 17 mars 2025 à Cotonou.

Pamella N'ZE ASSEKO (en jaune) lors de la visite de FUNKE FASHION HOUSE ©NO'OXPERTISES/WEZON MEDIA

Ainsi, outre Pamella N'ZE ASSEKO de FUNKE FASHION HOUSE, les participants ont donc eu l'occasion de se familiariser avec l'univers des Réalités Virtuelles avec la startup tunisienne Digital Cultural Experience (DCX), spécialisée dans l'éducation au patrimoine via les technologies numériques. Fondé en 2018 par Mohamed Ali MIDANI, Digital Cultural eXperience œuvre pour la promotion de l'éducation au patrimoine matériel et immatériel grâce aux technologies immersives. Sa nouvelle application, « Les Bâtisseurs » dont le développement fait partie de son projet incubé par le programme Afrique Créative, a été testée par les participants. L'application propose une aventure immersive, utilisant la réalité augmentée, à travers laquelle les jeunes découvrent les figures historiques majeures de l'Afrique dans les domaines de la littérature, de la politique, des sciences et de la philosophie.

Accompagner et structurer l'émergence des ICC

Issus de 10 pays de l'Afrique, à savoir l'Afrique du Sud, Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Kenya, Maroc, Ouganda, Sénégal et Tunisie, les entrepreneurs de la 3è cohorte du Programme Afrique Créative rejoignent ainsi la longue liste des bénéficiaires de l'initiative. 9 pour la première cohorte en 2019 et 8 pour la deuxième en 2021, ce sont au total 32 entreprises créatives africaines qui sont désormais accompagnées dans leur développement. Les Industries Culturelles et Créatives (ICC) regroupent un ensemble de secteurs allant de la mode au design, en passant par le cinéma, la musique et les arts visuels. Elles sont aujourd'hui reconnues comme un moteur de croissance économique et de création d'emplois en Afrique, participant activement à la valorisation du patrimoine et à l'innovation.

Financé par l'Agence française de développement (AFD), Afrique Créative vise à les accompagner dans leur développement afin de maximiser leur impact tant à l'échelle locale, nationale, qu'internationale.  « Il est vrai qu'on a l'habitude de se focaliser sur les aspects divertissements et loisirs des arts et de la culture, mais l'aspect entrepreneurial, créateur d'emplois et de richesses prend de plus en plus de l'ampleur. Et il faut être aux côtés de ces entrepreneurs pour leur donner les clés nécessaires pour réussir dans leur entreprise » précise Dorine RURASHITSE, justifiant l'initiative de ce programme.

« La contribution des industries culturelles et créatives en Afrique n'est plus à démontrer. Au cours des dernières décennies, plusieurs études ont montré que ces entreprises qui s'investissent dans la création, la production et la diffusion des biens et produits culturels apportent aussi énormément dans le développement de nos États » explique Luc MAYITOUKOU, Directeur de Zhu culture, une structure membre du consortium de mise en œuvre du programme.

Tremplin

Accompagnement technique, tant au niveau du renforcement des capacités entrepreneuriales qu'un coaching sur le plan créatif et culturel ; soutien financier pour accélérer le développement de l'entreprise et consolider son modèle économique. Tels sont les leviers du programme en vue d'accompagner, de renforcer et de mettre en réseau les entreprises identifiées. Des sessions de formation en e-learning aux séances de coaching personnalisées en passant par un apport financier sous forme de subvention entre 30 000€ et 60 000€, l'accompagnement des entrepreneurs qui dure 12 mois permet un vrai impact sur ces derniers.

En définitive, le bootcamp de Cotonou s'est révélé être bien plus qu'un simple rassemblement, mais aussi un véritable tremplin pour ces entrepreneurs culturels, leur offrant un cadre structurant et des opportunités concrètes. ©NO'OXPERTISES/WEZON MEDIA

Bénéficiaire de la première cohorte avec son entreprise Bazem'se, le Burkinabè Sébastien BAZEMO incarne la montée en puissance des entrepreneurs culturels soutenus par Afrique Créative. « Nous, on est des stylistes, des créateurs avant de créer notre entreprise. Et parfois, on a tendance à ne pas se mettre à jour pour comprendre qu'une entreprise fonctionne selon des règles. Afrique Créative m'a permis de mieux appréhender ces différents aspects et les exigences d'une entreprise » confie-t-il. Grâce à son passage dans la cohorte de 2019, son entreprise a employé 24 personnes, principalement des jeunes et des femmes. Et ses activités ont permis de relever le niveau de vie de plus de 200 femmes tisseuses et teinturières. Des impacts concrets et réels qui témoignent non seulement de la nécessité du programme mais aussi de l'importance de plus en plus grandissante des ICC en Afrique.

A Cotonou, Pamella N'ZE ASSEKO et les autres entrepreneurs espèrent bien eux aussi tirer profit du programme et positionner leurs entreprises. En définitive, le bootcamp de Cotonou s'est révélé être bien plus qu'un simple rassemblement, mais aussi un véritable tremplin pour ces entrepreneurs culturels, leur offrant un cadre structurant et des opportunités concrètes. À l'issue de cette immersion, chacun repart avec des outils stratégiques, un réseau élargi et une vision renforcée de l'avenir. Reste maintenant à voir comment ces talents transformeront l'essai et contribueront à façonner le futur des ICC en Afrique.

Par Eustache AGBOTON, envoyé spécial à Cotonou ©www.noocultures.info